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14- Parque Nacional Los Alerces

By 5 février 2023février 25th, 2023Ama'ventura

Pour ne rien changer, ce matin le ciel est encore bleu et le soleil brille. En fait, depuis que nous sommes arrivés le 9 décembre, nous avons à peine reçu 4 gouttes à Santa Rosa. Et depuis, plus rien. D’ailleurs, le paysage s’en ressent. A moins d’être proche des grandes rivières, on sent le manque d’eau. Même dans certaines zones de la cordillère qui reçoit normalement beaucoup de neige, les chutes ont sérieusement baissé depuis quelques années. Les étés étant aussi plus secs, la végétation par endroits jaunit, là où elle est normalement verdoyante. Bref, les conséquences du bouleversement climatique s’observent partout. Et le GIEC estime que l’Amérique Latine sera l’un des continents les plus touchés par la sécheresse dans les prochaines décennies.

Alors tant qu’il reste un peu d’eau, et avant de nous relancer sur le ripio du parc, nous rejoignons à pied un petit sentier de rando pour rejoindre une cascade. Les enfants sont contents car c’est la première que nous le faisons ensemble en Argentine. Mais quand ils réalisent qu’il faut déjà faire demi-tour au bout d’1,5 km, ils sont un peu déçus. C’est sûr que nous les avons habitués à marcher plus longtemps dans les Alpes !

Une guardaparque lève la barrière avec un grand sourire. Je lance la Ama sur la piste qui semble tout aussi propre que la veille. Le bruit qui m’inquiétait à Villa Traful ne s’est plus vraiment manifesté. Ceci étant dit, nous n’avons plus refait d’ascension en seconde. Néanmoins, je reste sur mes gardes en tendant l’oreille. Et je fais bien, car à peine 15 min plus tard, j’entends quelque chose qui casse sous le châssis et traine par terre. Warning enclenchés, je me serre au mieux à droite de la piste. En un coup d’œil, je vois que le réservoir d’eaux grises pend à l’arrière et qu’une de ses attaches métalliques touche le sol : l’un des boulons qui le fixent au châssis s’est dessoudé. Bizarrement, je ne suis pas plus surpris que cela, et comme dans une certaine routine, j’ouvre le coffre arrière, sors la boite à outils, tends une bâche sur le sol avant de me glisser sur le dos. Un bon coup de fil de fer fera l’affaire ! 10 min plus tard, le Perkins 6 vrombit à nouveau et nous avançons dans un nuage de poussière.

La piste devient plus étroite et il y a toujours autant de voitures qui nous dépassent ou nous croisent. Nous entrons dans le pic des vacances d’été, le fameux 15 juillet-15 août en France. Le ripio est plutôt bon, mais c’est à nouveau le jeu des montagnes russes que, pour être sincère, j’appréhende beaucoup mieux qu’à Villa Traful. Et oui, c’est la force de l’expérience ! En revanche, j’entends à nouveau ce bruit qui ne me plait pas. Mais cela reste « correct » alors nous poursuivons la route. D’autant que les possibilités de stationner sont quasi inexistantes pour la gabarit de la Ama, même au niveau de certains points de vue, ce qui me frustre un peu. Alors on profite tant bien que mal de la vue entre les arbres depuis la route.

Dans le parc, interdiction de faire du camping sauvage et donc de stationner la nuit hors des endroits prévus à cet effet. Nous identifions alors un camping sur I-Overlander, avec de bons commentaires et posé au bord du lac Futalaufquen. (Pas très hispanique comme nom ?! En effet, je soupçonne quelques origines Allemandes à nombre de lieux dans cette région du nord de la Patagonie… Et les mauvaises langues ajouteraient que des anciens du 3ème Reich se seraient cachées dans ces contrées argentines après la 2nde guerre.) Mais bref, toute suspicions historique mise à part, l’endroit est très beau, et nous décidons de nous y installer pour quelques jours.

Nous reprenons notre petite routine de Traful : petit déjeuner avec vue sur le lac, course à pied, yoga, exercices de lecture et d’écriture, vélo, et bien sûr, plouf dans les eaux cristallines du lac ! C’est à nouveau l’occasion de rencontrer d’autres voyageurs, en les personnes de Mauro, Selene et Lupe, originaires de Rosario, une grande ville au nord-ouest de Buenos Aires. Ce qui est amusant, est que nous avons quelque chose en commun : c’est aussi pour eux la première fois qu’ils partent en voyage avec leur caravane, fraichement achetée et mise à leur goût. Et bizarrement, les anecdotes et galères ne manquent pas non plus chez eux ! Un bon sujet de discussion sur la plage, avec le maté, pendant que les enfants jouent dans l’eau.

Je me renseigne sur la possibilité de faire une randonnée. Mais les options sont rares et il s’agit soit de sentiers très courts, ou de marches de 8-10h aller-retour, dont les départs sont à plusieurs kilomètres du camping. Et comme notre but est de ne plus bouger la Ama lorsqu’elle est en place, ce n’est pas trop réalisable. Bah, ce n’est pas bien grave, et j’apprécie courir sous les arbres à proximité du lac pour me défouler un peu. De toute façon, je n’ai pas non plus une forme olympique ! Je propose à Maria, les enfants et nos amis de Rosario, d’aller découvrir la Quebrada del Leon, une petite rando qui permet d’atteindre un point de vue sur une jolie cascade. Nous profitons ainsi d’une température plus clémente en fin de journée pour y aller ensemble, par le bord du lac.

J’en profite également pour me poser sur la question de la porte conducteur, qui est toujours bloquée depuis Bariloche. Sans parler de la vitre qui ne descend plus non plus. Un truc de certain, c’est que les ingénieurs de chez Dodge n’avaient, à l’époque, pas trop le souci du SAV ou de l’expérience client. Car même en démontant la paroi interne de la porte, il est quasi impossible d’accéder au système d’ouverture. Je me fous de la graisse jusqu’aux coudes, je m’écorche les doigts, je rage…. Et après 2 bonnes heures à tout essayer, je finis par décoincer le binz… Victoire !

Mais je ne suis pas satisfait, car les poignées d’origine ayant disparu depuis longtemps, nous devons nous satisfaire de vilaines poignées faussement chromées, qui fonctionnent 1 fois sur 3 tellement elles ont du jeu. Alors je décide que je peux faire beaucoup mieux, même si je dois les tailler au couteau dans un tronc d’arbre du parc national ! Et c’est ce à quoi je vais m’atteler pour partie des jours suivants…

Au bout de 3-4 jours, nos réserves en nourriture fraîche diminuent, alors il est temps pour nous d’envisager un déplacement vers Esquel avant de rejoindre la côte Atlantique. Et à en croire les différents témoignages entendus à ce sujet, cette traversée de 600 km s’annonce périlleuse, car il y a en tout et pour tout 3 stations-services et 2 villages sur la totalité du parcours. Autant dire que la panne mécanique est très fortement à EVITER ! Nous nous appliquons alors encore une fois à bien réviser la Ama en vérifiant tous les points critiques que nous avons pu identifier jusqu’ici. Je prends le temps de resserrer les roues avant, et m’assurer que Santa Cruceta à l’arrière est bien en place. Tout semble en place, mais je n’ai toujours pas réussi à identifier l’origine de ce fameux bruit…