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8- Nahuel Huapi

By 10 février 2023février 25th, 2023Ama'ventura

Le vent a soufflé fort toute la nuit, mais bien à l’abris dans la Ama, nous avons très bien dormi. Dehors, j’entends comme des coups de trompette.… Bizarre. Je jette un œil par la fenêtre et je vois un couple d’oiseaux, grands comme de beaux canards, mais plus hauts sur pattes. C’est surtout leur long bec fin et courbé qui leur donne un aspect atypique. J’apprendrai plus tard par l’Abuela Moni qu’ils s’appellent des « bandurias ». Et en effet, ils ont un cri qui ressemble fortement à un instrument à vent.

Nous nous sommes installés sur un petit parking à 10m du lac. Un petit sentier de promenade passe juste devant et la vue sur le lac et les montagnes est magique. Nous allons rester là 2 jours en attendant que Moni et Emi traversent à leur tour la Pampa dans la petite Fiat, pour les rejoindre à Villa La Agostura, de l’autre côté du lac. Nous avons prévu d’y passer la fin d’année ensemble.

Nous prévoyons donc une journée tranquille : vaisselle, détente et bien sûr, vélo pour Leno. C’est aussi l’occasion de passer par la station-service pour charger les réservoirs d’eau potable, vérifier les niveaux et la pression des pneus. Tout semble Ok pour partir demain matin, alors nous profitons d’un bel après-midi sur la plage.

Le 30 au matin, nous réorganisons donc nos affaires en position « route ». L’idée est de faire un petit crochet par Bariloche pour trouver un nouveau bouchon de radiateur et tracer ensuite vers Villa La Agostura.

Chargement du vélo sur le toit, fermeture des coffres, je contourne le véhicule par l’arrière pour rejoindre la porte conducteur et…. coup de bambou : « Maria…. la roue avant gauche et à plat…. »

Comme on a un peu galéré avec le système de gonflage la veille à la station-service, on se dit qu’on a peut être fait une mauvaise manip. C’est ballot, mais pas de souci, nous avons une roue de secours à l’arrière. Enfin, il faut préciser que c’est une roue énorme qui doit peser 50kg. Sur les conseils de l’abuelo Ruben, nous avons acheté un petit cric hydraulique pour soulever la bête en cas de besoin. Je l’installe donc sous le châssis, comme je l’ai fait des dizaines de fois sur mes véhicules en France. Et je commence à pomper…. Tout va bien, mais la course du cric est de 15 cm, et je réalise que si le châssis monte, la roue ne bouge pas d’un millimètre. En fait, tout est absorbé par la grosse suspension à lames. Je fais fonctionner mon petit cerveau et j’en conclus qu’il faut placer le cric sous la suspension. Mais ce qui est bizarre est que le cric, aussi petit soit-il, ne passe pas entre la suspension et le sol ! Je ne vois pas trop d’options, alors je commence à creuser. Quelle chance que nous ne soyons pas sur du bitume…

Un pick-up s’arrête et Joaquin, casquette rivée sur la tête, s’avance. « Todo bien ? » On lui explique que c’est juste une crevaison, mais que le cric ne passe pas. Il nous lance un « Suerte ! » Et s’en va.

Je poursuis donc mon excavation pour accéder à la suspension et recommence à pomper. La roue monte doucement : ça fonctionne ! Mais arrivé à mes 15cm de course, la roue crevée peut sortir, mais la roue de secours gonflée, ne passe pas… Alors que nous lançons une mise en commun de nos neurones avec Maria, le pick-up revient et Joaquin sort avec un 2ème cric. Il nous dit « Me doy cuenta que es mejor cuando hacemos las cosas en equipo ! » (Ensemble on est plus fort). Après quelques efforts et manipulations des 2 crics en parallèle, la roue est changée et Joaquin reprend son chemin. Décidément, les anges de la route existent bel et bien ici !

Nous passons alors dans une « Gomeria », ces petits ateliers qu’on trouve tout au long de la route et qui gèrent les questions pneumatiques. Le gars nous explique que c’est le système de gonflage de la station-service qui abime les valves et que notre roue n’est probablement pas crevée. Un coup de compresseur et nous voilà repartis en direction de Bariloche pour quelques emplettes : fruits, légumes, empanadas, recharge en céréales et divers fruits secs. J’en profite pour faire un saut dans un magasin de musique pour voir si une petite guitare aurait envie de se joindre à la famille. Une « Pequeña », comme celle achetée avec Morgan à Mendoza en 2008, dont nous nous partageons la « garde » encore aujourd’hui en France. Et en effet, elle m’attend là, accrochée au mur : une petite classique en bois, de fabrication Argentine, et d’une belle couleur cendrée.

Il nous faut encore rouler 80 km pour retrouver Moni et Emi à Villa La Agostura, en remontant la fameuse Route 40 vers San Martin de Los Andes. En passant à l’Est du lac Nahuel Huapi, elle commence à tourner, virer, jusqu’à passer au bout d’un bras du lac qui me rappelle les fjords Norvégiens. Bienvenus dans le Parc National Nahuel Huapi et la région des 7 lagos !