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6- En quête mécanique

By 12 février 2023février 25th, 2023Ama'ventura

Un avantage certain à « camper » en bordure de zone urbaine un 25 Décembre au matin, c’est que l’ambiance est calme.

Un couple passe à vélo sous un immense eucalyptus dont les branches semblent vouloir toucher le canal pour en capter la fraicheur. Un chien errant lève la patte au pied du tronc pour marquer son passage. Et les perruches Cotorra qui nichent au sommet, se chamaillent et lâchent leurs cris rauques. Ce tableau matinal me ferait presque oublier l’épisode de la veille… mais en fait non, pas vraiment. Alors pour me changer les idées, et comme la famille dors encore, je décide de troquer mes tongs pour des chaussures, et je pars courir le long de la berge.

Je traverse tout d’abord un grand parc avant de passer un pont et poursuivre le long d’un ancienne  voie ferrée transformée en chemin piéton. C’est plutôt joli, mais je suis tout de même gêné par la présence de détritus en quantité importante tout le long du canal : sacs plastiques, bouteilles de soda, canettes de bières, restes de repas…. Il semble que les gens viennent pique-niquer, et repartent en laissant tout sur place. C’est dégueulasse….

Je passe par une panaderia (l’équivalent de nos boulangeries) pour acheter une douzaine de facturas. Ce sont des viennoiseries souvent agrémentées de crème pâtissière, de pate de coin et de dulce de leche. Bien entendu, les enfants m’accueillent en fête avec ce cadeau ! Et comme si ce n’était pas suffisant, alors que nous nous apprêtons à déguster, un homme s’approche et nous propose  de nous vendre des cerises. Elles sont magnifiques ! Il nous explique qu’il est ouvrier agricole, et que la saison de la récolte est terminée. Mais il en reste sur les arbres, alors son patron lui laisse les cueillir. Et il nous propose les 4-5 kg pour l’équivalent de 10€…. Vendu ! On va se régaler.

Petit déjeuner facturas/cerises sous les arbres et au bord du canal, le tableau est sympathique. A l’exception des poubelles qui jonchent le sol…. Alors Maria propose un jeu : qui en ramasse le plus gagne.. le droit d’en ramasser encore ! Alors chacun s’équipe de gants et d’un sac plastique, et c’est parti pour une collecte d’une belle quantité de détritus, et surtout un nouvel espace de vie tout propre pour nous. Surtout que nous ne savons pas combien de temps nous allons devoir rester ici…

C’est donc l’occasion de nous poser après plusieurs jours sur la route. Leno se lance à fond entre les arbres sur son vélo : Sauter les bosses et faire voler la poussière, c’est trop bien ! Alba se pose avec nous pour avancer sur ses livres d’école. Et Maria et moi, nous bouquinons au son des cotorras. La matinée passe calmement, mais peu à peu, les gens arrivent en voiture, se garent au plus près de l’eau, sortent leur pique-nique et… poussent le son de leur autoradio… Peut être que je préférais les cris des cotorra !

La température monte fort dans l’après-midi et les gens commencent à se baigner dans le canal. Le jeu est visiblement de remonter à pied sur quelques centaines de mètres, puis se laisser descendre avec le courant jusqu’à une passerelle où des câbles trainent dans l’eau et permettent de s’agripper pour rejoindre la berge. Maria tente et confirme que s’il n’est pas très visible en surface, le courant est bien présent. Comme les petits veulent se baigner, je me mets à l’eau pour les tenir. Ca les amuse beaucoup, mais pas question de les lâcher ! En tout cas, ça nous aura bien rafraichis.

Le lendemain, 26 décembre, la chance est avec nous ! Non seulement le seul mécano du village répond au téléphone et propose de passer nous voir, mais nous trouvons une cruceta au magasin de pièces détachées auto qui se trouve à 5 min à pieds. Bon, elle est 5mm plus grande que la précédente, mais on espère que la mécanique de 1962 laisse de la marge…

Mario arrive en fin de matinée. Rapide coup d’œil sous la Ama, il propose de « sécuriser » le travail de Maria en nouant un chiffon autour de la cruceta pour rouler jusqu’à son atelier au centre du village. Cela signifie prendre la route principale et emprunter un grand rond-point où passent bus et gros camions… mais on fait confiance à Mario ! Nous voilà donc partis derrière lui, en changeant les vitesses avec la plus grande délicatesse possible pour ne pas mettre d’à-coup dans la cruceta.

Après analyse plus poussée, l’ancienne cruceta avait été soudée… mais cela n’a pas empêché la casse. Il faut donc la changer, mais celle que nous avons achetée ce matin ne passe pas… 5mm de trop. On y a cru ! Alors Maria organise un voyage en taxi jusqu’à Neuquen, la ville à 20km, où elle trouve la bonne pièce. Quand Mario termine la réparation, il est presque 20h. Nous retournons alors au bord du canal pour une nuit supplémentaire et nous reprendrons la route demain matin. Merci Mario ! Et pourvu que cette nouvelle cruceta de Noël tienne plus longtemps que la précédente…