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18- Pehuen-Co et Mar Del Plata

By 1 février 2023février 25th, 2023Ama'ventura

Le ciel est noir et l’orage menace lorsque nous arrivons à Pedro Luro, une petite ville à mi-parcours de Puerto Madryn et Bahia Blanca. Des milliers de perroquets sont posés sur les fils électriques. Et quand je dis « des milliers » je n’exagère pas ! Ce sont de gigantesques colonies qui nichent dans les falaises de la côte et entrent dans les terres pour se nourrir. Quoi de plus délicieux que des hectares de tournesol ? Production extensive dit grande quantité de nourriture, et donc explosion du nombre d’individus. Un peu comme les mouettes sur nos tas d’ordure, mais ici c’est un peu plus poétique ! 😊

L’orage éclate pendant la nuit : bourrasques de vent et trombes d’eau. C’est l’occasion de tester l’étanchéité de la Ama qui n’a connu jusqu’à présent que de rares petites averses. Et pour le coup, mis à part quelques infiltrations au-dessus de la porte, rien de bien grave à déplorer. Ouf ! Nous reprenons la route le lendemain, dans la grisaille, mais il ne pleut pas. C’est une bonne nouvelle, car nous n’avons toujours pas pu réparer les essuie-glace. Malheureusement, la chance ne dure pas, et lorsque nous arrivons sur le contournement de Bahia Blanca, au milieu des camions et d’un trafic dense, la pluie s’intensifie et nous devons nous arrêter car je n’y vois plus grand-chose à travers le pare-brise.

Le problème est que pour tenter de réparer, il faut démonter une plaque que Ruben avait étanchéifié au silicone à Santa Rosa, suite à des infiltrations d’eau au niveau du capot moteur. Et donc potentiellement, on pourrait réparer les essuie-glace, mais nous aurions les pieds mouillés jusqu’à ce que nous remettions du silicone. Nous préférons donc garder les pieds au sec.

En fin d’après-midi, le temps s’éclaircit, alors nous reprenons la route après avoir profité de cet arrêt à Bahia Blanca pour faire quelques courses (dont un pistolet à Silicone !). Nous avalons rapidement les 80 km qui nous séparent de Pehuen-co où nous nous installons dans un camping conseillé par Mauro et Selene : El bosque encantado. Il s’agit d’une forêt d’eucalyptus et de pin adossée à une grande dune. De nombreux oiseaux nichent dans leurs branches, donc quelques pics noirs à la huppe rouge que je trouve très beaux. Nous sommes à 10 minutes à pied de la plage de sable qui déroule à perte de vue, comme dans les Landes. C’est d’ailleurs de ce modèle français que les institutions locales se sont inspirées pour développer le tourisme à Pehuen-co vers 1930.

Les enfants se font à nouveau des amis dans le camping, ce qui nous donne l’opportunité d’aller nous promener avec leurs parents. Ces derniers, originaires de Bahia Blanca viennent régulièrement en vacances ici. Ils connaissent bien les environs et nous proposent d’aller visiter un verger communal, mis en place il y a quelques années. Ce sont les cris de perruches Cotorra qui nous indiquent le chemin : elles sont en train de se régaler de prunes. Alors nous faisons de même car en effet, les fruits sont à maturité et sucrés à souhait !

La plage est assez fréquentée, compte tenu de sa taille. Mais les gens se concentrent à proximité d’une zone de baignade surveillée. Le vent souffle assez fort, et une petite dizaine de kitesurfeurs s’amusent dans les vagues. J’avoue que j’irais bien aussi si j’avais mes jouets avec moi. Mais ce n’est pas le cas, en tout cas pas pour cette fois. Je me pose tout de même la question de ramener des voiles : Que ce soit sur l’océan ou dans la région des lacs, je ne compte plus le nombre de jours où le vent était assez fort pour kiter. Néanmoins, pour aujourd’hui, c’est baignade dans les vagues avec les enfants ou sauts dans les dunes. Il y a bien de quoi s’amuser !

Nous quittons Pehuen-Co après 2 jours à savourer l’odeur des eucalyptus. Le GPS nous propose de gagner 70km en coupant par une piste. Cela réveille immédiatement des souvenirs récents et douloureux. Mais aussi surprenant que cela puisse paraitre, nous hésitons. Quand nous arrivons au niveau de l’embranchement de la route, elle semble belle, alors malgré un dernier doute, nous nous lançons. Et à peine 500m plus loin, la Ama commence à trembler. Un seul regard croisé avec Maria confirme que nous sommes en phase : demi-tour immédiat et tant pis pour les 70km de plus ! On ne veut PLUS DE RIPIO !

Comme pour « boucler la boucle » nous arrivons en fin d’après-midi à Necochea, la ville où Maria est venue chercher la Ama 3 mois plus tôt. Alors pour marquer le coup, nous nous arrêtons de l’autre côté du Rio Quequén pour la soirée : Repas en famille dans une bonne pizzeria, danse et concert en plein air, puis promenade digestive sur le front de mer. Nous posons même la Ama à quelques mètres des vagues, le nez dans le sable, pour passer notre dernière nuit d’itinérance à 4. C’est vraiment un luxe de poser sa maison au gré des envies !

Nous passons le WE et les jours suivants à Mar del Plata, chez nos amis Pauli et Gabi, et leurs 3 enfants Paz, Genaro et Luisi (5, 3 et 1 an). C’est l’occasion de profiter de moments ensembles et de fêter les 38 ans de Maria ! Cela faisait 10 ans qu’elle fêtait son anniversaire en France et en hiver, alors le faire au soleil et en débardeur a pour elle une certaine saveur. C’est aussi l’opportunité de vider, nettoyer et ranger la Ama en profondeur et tenter de sortir toute la poussière accumulée au fil des kilomètres de ripio. Il y a également les essuie-glace et toute une série de choses à réparer avant de lui chercher un lieu pour passer l’hiver austral, et nous attendre l’an prochain pour de nouvelles aventures ! En tout cas, c’est le plan.

Le 10 février, j’embrasse tout le monde avant de prendre le bus qui m’amène à Buenos Aires, pour mon retour en France. Maria et les enfants vont rester 3 semaines de plus, à Santa Rosa. Afin de les accompagner sur le trajet de 700+ km vers la Pampa, Emiliano nous a rejoint en bus à Mar del Plata. Je ne peux m’empêcher de lui souhaiter « Bonne chance » avec la Ama. D’autant que sur les derniers 300 km avant d’arriver à Mar del Plata, j’ai eu un mauvais ressenti avec l’embrayage, et les freins commençaient à être limite… mais on croise les doigts pour que cela tienne bon jusqu’à Santa Rosa. Et ils prennent la route tous les 4 quelques heures après mon départ.

Lorsque j’arrive à Marseille 31h de voyage plus tard, je découvre un message de Maria sur mon téléphone :

« Nous avons fait 200km, et l’embrayage à lâché. Nous sommes dans un petit village en recherche d’un mécanicien pour réparer… »

L’Amaventure continue ! 😊

En conclusion ?

Et bien je crois pouvoir dire sans trop d’hésitation que ce voyage aura été…complet !

Il nous aura bien sûr permis de découvrir des paysages extraordinaires et de rencontrer des gens très sympathiques, voir même des « anges de la route ». Ce fut également une initiation à l’itinérance en camping-car : le côté pratique d’avoir à tout moment sa maison avec soi, mais aussi la logistique et l’organisation minutieuse que cela demande dans un espace réduit. Cet espace qu’il faut apprendre à partager à 4, jour et nuit, même si ce n’est pas toujours facile. J’aurai aussi enrichi mes connaissances, jusqu’ici très limitées, en matière de mécanique automobile. Et pas n’importe quelle auto : la Dodge 100 de 1962, un classique argentin !

Mais au-delà de tout, je crois que ce voyage aura été une sorte de mise à l’épreuve, un voyage initiatique et intérieur pour moi, pour Maria, pour notre couple et notre famille. Je suis parti avec des objectifs, des certitudes, des habitudes et même des peurs. Et j’ai pris de grosses claques à chaque fois qu’ils ou elles ont volé en éclat, comme les crucetas, le bouchon du radiateur, le levier de vitesse ou encore les poignées… Je ne suis pourtant pas un voyageur débutant et j’ai connu de nombreuses mises à l’épreuve par le passé : cyclone, routes emportées, crocodiles, tourista, arnaques.. et j’en passe . Mais peut-être que je les avais oubliées, ou que dans ce moment de ma vie, j’avais besoin d’un petit rappel. Sans forcément le vouloir, la Ama me l’a offert : elle m’a rappelé que l’on ne va pas toujours là où on a prévu d’aller. Et ce n’est pas grave. C’est même une opportunité à vivre des expériences inattendues ou faire des rencontres très riches. En bref, apprendre à lâcher prise et recevoir les événements de la vie comme des cadeaux pour grandir, en tant qu’individu, et famille.

La suite ?

Et bien Maria et Emiliano on réussi à faire réparer l’embrayage et les freins pour rentrer à Santa Rosa. Avant de rentrer en France début Mars, Maria organise quelques réparations complémentaires avec l’aide de son père. La Ama est désormais notre pied-à-terre en Argentine. L’idée est de lui trouver un lieu pour passer l’hiver austral à l’abris de la pluie, jusqu’à ce que nous la retrouvions dans quelques mois pour de nouvelles aventures !

En tout cas, c’est notre volonté. La vie nous dira ce qu’il en est.

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